programme
et
techniques

Programme et techniques

1) L’enluminure Byzantine du Vème au XVème siècle.

2) L’enluminure insulaire du Vème au IXème siècle.

3) L’enluminure Mérovingienne du VIème au VIIIème Siècle.

4) L’enluminure Carolingienne du VIIIème au Xème Siècle.

5) L’enluminure Ottonienne du Xème au XIème Siècle.

6) L’enluminure Romane du XIème au XIIème Siècle.

7) L’enluminure Cistercienne du XIème au XIIème Siècle.

8) L’enluminure Gothique du XIIIème au XVème Siècle.

9) L’enluminure de la Renaissance XVème XVIème Siècle.

1) L’ENLUMINURE BYZANTINE DU Vème au XVème Siècle

Isaïe priant entre la Nuit et l’Aurore
Psautier de PARIS Xème Siècle
BNF

L’enluminure Byzantine est l’héritière de l’enluminure antique. Décorations sur papyrus pour arriver progressivement vers le codex en parchemin au 1er Siècle. Quelques rares manuscrits sont encore conservés.

L’enluminure Byzantine va influencer toute l’Europe Occidentale, mais aussi la miniature ottomane, slave, arménienne, géorgienne, copte.

Les premiers manuscrits datent du VIème siècle. C’est une peinture inspirée par les fresques. Le plus ancien étant le Dioscoride de Vienne commandé par la Princesse Anicia Juliana.

D’autres plus tardifs comme la Genèse de Vienne, le Codex Sinopensis, le Codex Purpureus Rossanensis qui provient de l’Italie Byzantine ou la Genèse de Cotton originaire d’Egypte.

Durant la période iconoclasme beaucoup d’œuvres sont détruites du VIIème au IXème siècle.

 

Le Sacra Parallela de Jean Damascène contient plus de 1600 illustrations dans les marges du manuscrit.

L’enluminure Byzantine est une miniature en pleine page, soit une partie de la page. Les psautiers les plus courants sont celui de Théodore, de Paris qui est le manuscrit le plus célèbre réalisé sous Constantin VII.

Au dixième Siècle on voit apparaître les fonds dorés. Généralement fait à l’ail ou la bave d’escargot.

Au XIVème siècle certains manuscrits sont d’une grande virtuosité comme les œuvres complètes de St Denys l’Aréopagite.

2) L’enluminure insulaire du Vème au IXème siècle.

Une production artistique d’origine celte caractérise les iles britanniques entre 400 et 1000 environ.
Les manuscrits sont de véritables chefs d’œuvre.

La zone géographique est le Nord de l’Angleterre, l’Ecosse, et l’Irlande.

Le livre de Durrow contient les évangiles en latin selon Mathieu, Luc, Marc et Jean.

Il est orné de 11 miniatures pleine page, quelques textes introductifs et des pages consacrées aux tables et canons. Chaque évangile est précédé de deux pages entièrement enluminées  qui sont des Pages-tapis purement ornementales constituées d’enluminures non figuratives à la manière de certains tapis.

Le livre de Durrow est le premier manuscrit entièrement enluminé.

Evangile de Lindisfarne
700-715
British Library

Les manuscrits insulaires sont ornés de dessins géométriques, spirales, entrelacs souvent de grandes tailles. Ce style d’enluminure insulaire se développe en Irlande avant d’être exporté en Ecosse par un groupe de missionnaires Irlandais conduits par Saint Colomba.

Les évangéliaires d’Echternach, Lindisfarne, le livre de Kells et l’évangile de Durrow restent parmi les plus célèbres. L’évangéliaire de Lindisfarne est réputé pour être le plus beau. Finesse et richesse des ornements. Il est tellement d’une telle beauté qu’il est dit que ce sont les anges eux-mêmes qu’ils l’ont éxécuté.

3) L’enluminure Mérovingienne du VIème au VIIIème Siècle.

Sacramentaire Gelasianum
780-800
BNF

L’enluminure Mérovingienne née au VIIème siècle va connaître un certain essor. On ne sait pas encore son origine. Certains y voient une création occidentale, d’autres un système de décoration venu d’Orient.

La lettrine est la particularité de l’enluminure Mérovingienne en forme d’animaux, très souvent des poissons et oiseaux aux couleurs vives.

Contrairement à l’art insulaire où  la lettrine occupe une page entière, les lettrines sont comprises dans le texte.
Le poisson est le plus représenté. Le motif des oiseaux ornait les culs-de-lampe des manuscrits. Les majuscules sont constituées par mélange de formes géométriques et zoomorphes.

4) L’enluminure Carolingienne du VIIIème au Xème Siècle.

Devant la multitude d’écritures, Charlemagne et ses conseillers instaurent une écriture commune à tous : la caroline, qui va permettre une économie du coûteux parchemin, une large diffusion et une meilleure lisibilité.

Six écoles vont constituer le foyer de la culture Chrétienne : Aix la Chapelle, Tours, Reims, Metz, Corbie et l’école franco-insulaire.

La Cour de Charlemagne est le centre de rencontres entre le monde Celte, les apports insulaires, et l’héritage romain et byzantin.

L’enluminure Carolingienne fleurit jusqu’à la fin du Xème siècle voyant se développer une école franco-saxonne, qui reprend les caractéristiques de l’ancienne enluminure insulaire, l’enluminure ottonienne ouvre une nouvelle ère.

Les plus beaux manuscrits sont l’évangéliaire de Charlemagne appelé aussi évangéliaire de Godelcalc rédigé en onciale à l’encre d’or et d’argent sur 127 pages de parchemin pourpré.

CHRIST EN GLOIRE
EVANGELIAIRE DE GODESCALC
781-783
BNF

L’évangéliaire du Couronnement certainement commandé par Charlemagne, aurait été retrouvé selon la légende par Otton III du Saint Empire, alors qu’il avait ordonné l’ouverture du tombeau de son ancêtre dans la Chapelle Palatine. L’un des scribes a son nom inscrit : Demetrius Presbyter.

Charles le Chauve a plusieurs manuscrits associés à son nom signés par le scribe Liuthard qui dirige probablement l’école de Charles le Chauve. Le sacramentaire de Charles le Chauve n’a pas été achevé. Le décor réalisé par un très grand ouvrier est d’un luxe ornemental et iconographique inégalés.

L’école de Reims protégée par Ebbon, est dans un style antique illusionniste. Elle crée des personnages vifs allègres avec une virtuosité éblouissante aux traits nerveux et vibrants d’inspiration hellénistique.

5) L’enluminure Ottonienne du Xème au XIème Siècle.

EVANGILE DE GOSLAR
PORTRAIT DE SAINT MARC
VERS 1050
BIBLIOTHEQUE DE L’UNIVERSITE D’UPPSALA

L’art Ottonien se développa peu après l’art Carolingien. Il trouve son essor sur le domaine territorial de la maison de Saxe sous le règne d’Otton 1er (936) jusqu’à Henri II (1024). L’enluminure s’épanouit dans le scriptoria de Ratisbonne, Cologne, Salzbourg, et Reichenau.

C’est une enluminure beaucoup plus austère et solennelle que la miniature carolingienne. Les miniatures des évangiles laissent souvent de côté les portraits des évangélistes pour privilégier les scènes de la vie du Christ.

Les formes sont délimitées de manière très nette et par des courbes harmonieuses. Les fonds de couleurs sont très aérés et parfois entièrement recouverts d’or, comme dans l’évangile de la Sainte Chapelle.

6) L’enluminure Romane du XIème au XIIème Siècle.

Harcelés par les invasions normandes du IXème Siècle qui détruisent bon nombre d’abbayes, les moines et les centres de production se réfugient dans l’Empire Germanique et l’Angleterre Saxonne dont l’influence, au XIème siècle, dominera l’évolution de la miniature du Nord de la France.

Le dessin ignore la perspective, les personnages sont figés dans des postures solennelles et conventionnelles. L’enluminure romane excelle dans les variations géométriques autour des initiales ornées, mêlant aux formes compliquées de végétaux des éléments zoomorphes et des silhouettes humaines se pliant autour des lettres. L’insertion de lettrines historiées est courante. Le rinceau qui est un décor végétal stylisé devient récurrent. L’enluminure romane s’éloigne de l’enluminure byzantine et va se caractériser par des volumes, les plis glissants des vêtements, des couleurs vives sur fonds d’or.

Apparaît l’arbre de Jessé (schématisation de la généalogie de Jésus).

Les drôleries se répandent, ainsi que les grotesques.

EVANGELIAIRE DE L’ABBAYE DE LIESSIES 1146
ST JEAN
MUSEE DE LA SOCIETE D’AVESNES-SUR-HELPE

7) L’enluminure Cistercienne du XIème au XIIème Siècle.

GRANDE BIBLE DE CLAIRVAUX
XII ème Siècle
ABBAYE NOTRE-DAME-DE CLAIRVAUX

L’ordre Cistercien prospère, de nombreuses abbayes produisent les plus beaux manuscrits de l’époque. Citeaux va mettre en lumière un maître qui va accomplir de magnifiques lettres historiées. Il participe à l’exécution de la Bible d’Etienne Harding ou encore un manuscrit des Morales de Job. D’autres manuscrits sont produits sous l’influence de Clairvaux comme la grande Bible de Clairvaux et la Bible de Chaumont.

L’enluminure Cistercienne n’a pas recours à la dorure ou très peu. La palette de couleurs est limitée. Les lettres qui reviennent le plus souvent sont le P et Q.

8) L’enluminure Gothique du XIIIème au XVème Siècle.

LES HEURES DE JEANNE D’EVREUX
JEAN PUCELLE
1325-1328
METROPOLITAN MUSEUM OF ART

L’enluminure Gothique apparait en France et en Angleterre au XIIème Siècle (1160-1170). La France est en tête de ce développement.

La production commerciale de livres se fait à côté de la production monacale pour devenir laïque. A partir du XIVème Siècle le Maître devient directeur d’atelier et confectionne aussi bien des tableaux que des enluminures.

Le mécénat laïc princier puis royal favorise la production de livres précieux dont le format diminue pour une meilleure maniabilité.

L’ornementation gagne la marge, rinceaux de feuillages et vignettes encadrent le texte. Elle est confiée au rubricateur. Sous l’influence italienne, les fonds quadrillés, puis les paysages introduisent des effets de perspective, et remplacent les fonds d’or.

Durant la guerre de cent ans débute la production de livres d’heures. Les centres de production de Paris vont se déplacer durant la guerre pour s’installer à Bourges sous l’influence du Duc de Berry. Puis se déplacer vers la Flandre.

Les personnages sont agiles, dynamiques d’une élégance courtoise, silhouettes élancées, plis des vêtements ondulants. En raison de la souplesse des lignes du dessin, on parle aussi de « style souple ».

Le psautier d’Ingeburge réalisé à Tournai et la Bible moralisée sont les sommets de l’enluminure gothique précoce.

Jean Pucelle introduit en France l’art italien du trecento. Il amène également la technique de la grisaille qui sera largement exploitée au XIVème Siècle et reprise par ses élèves comme Jean le Noir.

Charles V attire les artistes étrangers à Paris, qui va devenir le Centre International de l’enluminure. Au service du Duc de Berry on voit André de Beauneveu, Jacquemart de Hesdn, les frères Limbourg qui créent les très Riches Heures du Duc de Berry qui est le plus célèbre manuscrit du XVème Siècle.

Les vues en perspective à l’intérieur se retrouvent chez le Maître Boucicaut. Il va également introduire la feuille d’acanthe comme motif décoratif principal de l’enluminure Française. Jean de Bondol introduit l’art du portrait.

9) L’enluminure de la Renaissance XVème XVIème Siècle.

Elle représente les manuscrits enluminés de la fin du XVème Siècle en Europe Occidentale, largement influencée par les motifs de la peinture de la Renaissance.

Avec l’imprimerie l’enluminure ne disparaît pas du jour au lendemain mais va encore perdurer grâce à des manuscrits de luxe.

Elle est cantonnée à des ouvrages de luxe qui va diminuer au cours du XVIème Siècle pour laisser la place à la gravure.

Elle suit l’évolution de la peinture sur bois, la fresque et la sculpture. Elle emploie la perspective, et le point de fuite mais aussi l’anatomie humaine.

Certains persistent dans le style Gothique International comme Lorenzo Monaco, d’autres adoptent les nouveautés liées à cette époque comme Pisanello, Fra Angelico, Maro Zoppo, Giovanni di Paolo et Giulio Clovio maître de la miniature Italienne.

Le livre d’heures du Cardinal Farnèse peint par Giulio Clovio ou encore les Heures d’Anne de Montmorency en France sont les derniers témoins.

ADORATION DES MAGES
LIVRE D’HEURES DU CARDINAL FARNESE
GIULIO CLOVIO
1537-1546
MORGAN LIBRARY MUSEUM